Serial Fucker by Océane Ghanem

Auteur:Océane Ghanem [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: © Plumes du Web
Publié: 2020-12-01T00:00:00+00:00

14. Soupçons erronés

Gabriella

Je me réveille en sursaut, nauséeuse et désorientée. La sueur me brûle les yeux et colle les draps à mon corps douloureux, courbaturé. Mon estomac se tord dans une violente giclée d’acide qui me remonte dans la gorge, menaçant de m’étouffer. Je porte une main à ma bouche pour éviter de me mettre à vomir sur le couvre-lit et frémis de tout mon être sous l’assaut des haut-le-cœur, tremblante comme une feuille.

— Ella ?

Je bats des cils, prise de court par l’apparition soudaine, presque idyllique, de Gabriel. Il s’assoit près de moi et m’enlace les épaules d’un bras rassurant, étrangement protecteur. Son odeur de savon et de linge propre me monte aux narines, comme un rappel à ma propre pestilence. Mortifiée, j’essaie de le repousser et grimace lorsque mes côtes endolories se resserrent autour de mes poumons pour me couper la respiration.

— Lâche-moi !

Son bras se contracte, ses muscles se raidissent. Son mécontentement tétanise son corps que je connais par cœur, par corps, par âme...

— Ne t’agite pas comme ça ! Tu vas te faire mal ! me réprimande-t-il, la voix rauque, en m’immobilisant comme une enfant. Qu’est-ce qui ne va pas ? Je croyais...

Il marque une pause, et son silence résonne comme une accusation. Je me tourne vers lui, dubitative. Un soleil éclatant filtre à travers mes rideaux et sublime la couleur mielleuse de sa peau naturellement dorée. Il est sublime, presque trop beau, et cela, malgré le fait que son visage soit froissé par la fatigue et l’abattement. Une expression craintive, un tantinet effarouchée, brille dans ses billes émeraude. Il ressemble à un jaguar pas tout à fait certain d’être en sécurité, aux aguets et dans l’attente d’un mauvais coup, qui se serait aventuré trop loin dans le territoire d’un prédateur plus gros que lui.

Dans une pensée distraite, je me demande s’il me range dans la catégorie des proies ou des chasseurs. Moi, je pense que je ne suis ni tout à fait l’un ni tout à fait l’autre...

— Je croyais qu’on avait réglé nos différends, finit-il par lâcher, avec une prudence qui me semble largement exagérée.

Je fronce les sourcils, la gorgée sèche, la bouche pâteuse et le corps moite.

— Quoi ?

Gabriel murmure, l’air plus vulnérable que jamais :

— Ne m’abandonne pas déjà, Niña...

Je répète, incrédule :

— Quoi ? Mais non, Gab ! Tu n’y es pas du tout ! Je...

Le rouge me monte aux joues, la gêne est comme une piqûre incandescente, mais je lui explique :

— Je ne veux pas que tu me touches parce que je suis sale. J’ai transpiré et je sens mauvais. Regarde-moi, j’ai l’air d’un truc moisi qu’aurait vomi un chat.

Les yeux de Gabriel effleurent mon visage, descendent sur ma poitrine, voyagent jusqu’à mes jambes nues couvertes d’hématomes, et s’arrêtent sur mon plâtre avant de remonter jusqu’à mes lèvres entrouvertes.

— Je te trouve magnifique.

Sa voix éraillée me cueille aux tripes comme un coup de poing.

— Tu dis ça pour me rassurer, marmonné-je, affolée par la brusque flambée d’amour que j’éprouve pour lui.

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